Un chantier de construction, de rénovation ou de démolition génère différents types de déchets. Les plus dangereux sont visés par une réglementation très stricte afin de protéger l’environnement et la santé des individus. Anticiper et gérer les différents flux de déchets est un enjeu de taille pour les entreprises dont environ 1 % du chiffre d’affaires est lié à l’élimination des matériaux et éléments non utilisés.

Des millions de tonnes de déchets chaque année

Pour évaluer la quantité de déchets produits par le secteur du BTP, les collectivités territoriales mènent l’enquête auprès des acteurs de terrain. À l’échelle régionale, le poids de ces dépôts se chiffre en dizaine de millions de tonnes (Mt) : environ 25 Mt pour la seule région Auvergne-Rhône-Alpes en 2020, selon les données locales rapportées par Cerema.

Les données nationales observées pour l’année 2012 et 2014 nous donnent une idée de l’ampleur de ces déchets. Près de 250 Mt ont été relevées en 2012 et plus de 227 millions en 2014. La tendance est à la baisse, mais les quantités restent colossales. Le secteur se retrouve ainsi responsable d’environ 3 déchets sur 4 produits en France.

Sur l’année, le « Bâtiment » seul a totalisé 42,2 Mt de déchets sur les 227 imputables au BTP dans son ensemble. Sur ces 42,2 Mt, il a été observé que la majeure partie était des déchets inertes (31,5 Mt) et non dangereux (9,7 Mt). Le million de tonnes restant correspond aux déchets classés dangereux qui doivent être traités avec la plus grande vigilance.

Des déchets pour la plupart inertes

Si la plupart des déchets sont inertes et sans danger pour l’environnement, leur dépôt sauvage constitue une pollution visuelle pour les riverains et les collectivités locales. Tous doivent suivre une filière de traitement et de valorisation appropriés selon la catégorie à laquelle ils appartiennent.

Les déchets inertes

Les déchets inertes ne représentent pas de danger direct dans la mesure où ils ne produisent aucune réaction physique, chimique ou biologique de nature à affecter l’environnement ou la santé des personnes. Il s’agit par exemple du béton, du verre, des tuiles, de la céramique, de la terre ou encore de la pierre.

Les déchets dangereux

Par définition, les déchets dangereux sont ceux qui contiennent des substances nocives pour l’environnement et les individus. Dans les faits, un même élément peut passer d’une catégorie à l’autre selon ses conditions de traitement et les substances avec lesquelles il a pu être en contact.

C’est notamment le cas du bois traité, des emballages souillés, des cartouches, des peintures, des colles, des vernis et des solvants… Les ustensiles, comme les pinceaux, ayant servi à la manipulation de substances dangereuses sont aussi classés dans cette catégorie.

S’y ajoutent les produits naturellement nuisibles aux écosystèmes (aérosols, matière absorbante polluée aux hydrocarbures, transformateur au pyralène, amiante…).

Les déchets « non dangereux non inertes »

Aussi appelés déchets industriels banals (DIB), ces matériaux très fréquents dans le BTP sont par exemple :

  • le bois brut ;
  • le papier et le carton ;
  • le caoutchouc ;
  • la ferraille ;
  • les métaux ;
  • les laines minérales ;
  • les peintures, le plâtre et les colles ne contenant pas de substances dangereuses…

Les déchets alimentaires générés par les professionnels sur le chantier entrent aussi dans cette catégorie.

Ces différentes sources ne présentent pas les mêmes taux de valorisation. Ils sont jusqu’à deux fois plus importants pour les déchets inertes que pour les déchets « non dangereux non inertes ». La valorisation est aussi généralement plus importante en construction et en démolition qu’en réhabilitation.

Comment réduire la quantité de déchets sur les chantiers ?

La production de déchets est inévitable sur un chantier. Il est en revanche possible d’en réduire les quantités et de simplifier la gestion avec une bonne organisation.

1 – Calculer les quantités nécessaires

Anticiper ses besoins en matériaux avec précision permet de faire des économies et de limiter les quantités d’éléments non utilisés. Les logiciels de devis et de facturation, comme Obat, permettent de mieux évaluer ces besoins grâce aux bibliothèques d’ouvrages.

2 – Estimer la quantité de déchets recyclables

Estimer le poids de vos déchets qui seront recyclés à l’issue du chantier. Considérez également, le cas échéant, ceux issus de la démolition d’ouvrages existants.

3 – Prévoir des bennes en nombre suffisant sur le chantier

En fonction de vos estimations, prévoyez des bacs et des bennes offrant un volume suffisant pour chaque famille de déchets.

4 – Assurer un tri progressif

Les déchets mélangés, s’ils ne sont pas dangereux, ne permettent plus de distinguer l’inerte du non inerte. Pour une valorisation optimale de ces déchets sur le chantier, il est important de séparer dès que possible les différents flux de déchets.

5 – Et si vos déchets n’en étaient pas ?

Certains rebuts et matériaux non utilisés pourraient vous servir sur un autre chantier, ou sur un autre ouvrage du projet. Gardez sous la main ceux qui sont restés en parfait état. Considérez leurs possibilités de valorisation sur zone avant de les rejeter.

Se plier aux dernières évolutions réglementaires

Les entreprises doivent se soumettre aux récentes évolutions réglementaires applicables en matière de déchets. Depuis le 1er juillet 2021, conformément à la loi Anti-Gaspillage et Économie Circulaire (AGEC), le devis doit ainsi obligatoirement mentionner les déchets générés par le chantier.

Depuis le 1er janvier 2022, les entreprises productrices de déchets dangereux doivent par ailleurs passer par la plateforme « Trackdéchets » mise en place par l’État. L’outil est mis gratuitement à la disposition des entreprises qui émettent des bordereaux de suivi des déchets dangereux (BSDD).  Un pas de plus vers une traçabilité simplifiée.